Trois générations coincées dans un ascenseur...
Mardi matin, mon fils Aurélien est venu me rejoindre dans mon appartement à Bordeaux, avec sa fille Alice (23 mois) pour m'aider à repeindre le couloir.
Nous sommes partis ensuite en voiture vers le centre ville pour déjeuner.
Aurélien est entré au parking de la Bourse, sous la place de la Bourse, en me disant "c'est un peu cher mais c'est pratique". Il s'est garé au niveau -5 et nous avons regagné l'extérieur en empruntant deux ascenseurs.
Nous avons très bien mangé au "Pilier des tutelles", dans une rue perpendiculaire au Grand Théâtre : bon accueil, prix raisonnables et cuisine délicieuse.
Ensuite j'ai gardé Alice tandis qu'Aurélien allait chez le coiffeur. Je voulais l'emmener vers le miroir d'eau mais Mademoiselle a préféré rester sur une petite place où nous avons joué à la cliente et la marchande (sans aucun accessoire).
Puis nous avons retrouvé son papa et sommes partis vers la rue Porte-Dijeaux puis le marché des Grands Hommes. Aurélien lui a acheté un tricycle qui se pousse et je lui ai offert un petit piano électronique.
Aurélien voulait lui monter tout de suite le tricycle, à la sortie du magasin mais c'était plus long qu'il croyait, alors il a tout laissé dans le carton et nous sommes repartis direction le parking. Alice voulait tenir son piano aussi grand qu'elle, mais a fini par céder pour que je le porte.
Nous sommes entrés dans le parking où la chaleur était étouffante.
Nous avons pris le 1er ascenseur qui va du niveau 0 au niveau -1, et puis un second ascenseur pour aller du -1 au -5. Nous en avons laissé passer un avec deux personnes bien chargées et nous avons pris la seconde cabine tous les trois avec nos différents colis.
Un bruit. "Il s'est arrêté" a dit Aurélien. Nous étions coincés entre deux étages.
Nous avons appuyé sur la sonnette jaune qui émet un son strident d'alarme, comme indiqué sur le panneau explicatif. Et nous avons attendu.
Rien
Nous avons appuyé sur l'interphone sensé permettre de joindre la hot-line des ascenseurs. Message robotisé : "un technicien va vous répondre. Patientez. Un technicien va vous répondre".
En boucle, à vous rendre fou...
Bien sûr ni le téléphone ni internet ne passaient dans l'ascenseur et donc impossible d'appeler les pompiers ou même un proche...
Nouvel appui sur la sonnette jaune. Toujours rien.
Des gens sont passés, ont vu que nous étions coincés. Je leur ai demandé d'aller prévenir l'accueil.
Aurélien a enlevé la robe d'Alice qui commençait à transpirer, lui a donné son biberon d'eau dont il ne restait qu'un fond.
Au bout de 15 à 20 minutes un employé du parking est venu nous voir en nous disant qu'ils avaient appelé la maintenance des ascenseurs mais qu'ils n'arrivaient pas à joindre leur standard. Nous lui avons montré la petite en lui demandant de se dépêcher.
Il a promis de revenir vite.
J'ai ouvert la porte intérieure : ça nous donnait un peu d'air, mais elle se refermait aussitôt.
Aurélien a monté le tricycle d'Alice qui était ravie malgré la chaleur.
Je me suis assise. Il faisait moins chaud.
Une fois le tricycle prêt, Alice est montée dessus toute heureuse mais pas possible d'avancer dans une cabine aussi petite.
L'employé du parking ne revenait pas et nous nous sentions complètement oubliés. Le message en boucle avait fini par s'éteindre sans que personne ne nous ait parlé.
De temps en temps j'ouvrais la porte intérieure. J'avais l'impression que ça renouvelait un peu l'air.
Le biberon était presque vide. Elle transpirait mais a joué ensuite avec son piano, puis avec un stylo et du papier que j'avais dans mon sac.
Des gens passaient de temps et temps et nous leur avons demandé d'aller à l'accueil.
Cela devait faire 50 minutes que nous étions coincés. Un autre employé a fini par venir.
Nous étions en colère mais il nous a dit qu'il allait nous porter de l'eau et une paille pour la petite pour que l'on puisse boire dans l'interstice des portes. Ils avaient appelé les pompiers qui allaient arriver et nous sortir de là.
Il est revenu avec une canette d'Ice Tea et une paille qu'il a réussi à passer. C'était trop dangereux pour la petite. J'ai bu un peu. J'avais très soif mais c'était sucré, et puis si les secours tardaient je ne voulais pas risquer d'avoir envie d'aller aux toilettes.
Nous avons encore patienté une vingtaine de minutes et les pompiers sont enfin arrivés ! Ils nous ont parlé un peu pour savoir dans quel état nous étions puis ont ouvert les portes.
Que ça fait du bien de l'air frais ! Non pas frais mais de l'air quand même...
Le système électrique a été coupé et ils nous ont fait descendre les uns après les autres. D'abord Alice dans les bras d'un beau pompier, puis moi qui me suis assise avant de sauter. Pas besoin en plus de me tordre une cheville...
Aurélien a sauté mais il est jeune...
Il a reçu en dédommagement des tickets de parking.
Pour ma part je ne suis pas près de revenir me garer là...
En y repensant: heureusement qu'Alice a été adorable et ne s'est pas mise à hurler car cela n'aurait pas fait arriver les pompiers plus vite mais aurait sans doute augmenté la tension et diminué l'oxygène dans la cabine...