Un très très gros coup de coeur : "L'heure des femmes" d'Adèle Bréau...
Je fais partie du Comité de Lecteurs de la Médiathèque d'Arès depuis quelques mois. Nous nous réunissons régulièrement pour échanger sur les livres qui nous ont plu et sur une liste le livres choisis par les bibliothécaires.
Lors de la réunion de début mars, il y avait 3 livres au programme : "Frivolités" de Christiane Taubira, "Les sources" de Marie-Hélène Lafon et celui-ci.
J'ai réussi à emprunter le 1er mais n'ai pas réussi à le lire. Les deux autres n'étaient pas disponibles.
Après le Comité j'ai emprunté celui-ci, pour lequel j'avais lu de bonnes critiques..
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Informations pratiques : roman d'Adèle Bréau, paru en janvier 2023 aux éditions "JC Lattès". 462 pages. 21,50 €.
L'auteur : Adèle Bréau, petite-fille de Ménie Grégoire, directrice de la mode de Gala et ancienne rédactrice en chef de Elle.fr a écrit 7 romans, dont "Frangines" et celui-ci.
La 4ème de couverture :
Paris, 1967. À l'aube de la cinquantaine, Menie, mère de famille bourgeoise, est recrutée par la radio RTL qui a décidé de renouveler ses programmes. Son rôle ? Faire parler les auditrices. En quelques semaines, c'est la déferlante. Les femmes de la France entière se confient à « la dame de coeur ». Bientôt, à l'heure de la sieste, elles seront des millions à suivre l'émission avec passion. Parmi elles, Mireille et sa soeur Suzanne, qui découvrent qu'elles aussi pourraient maîtriser leur destin. Quant à la vie de Menie, partagée entre le tourbillon d'une société libérée par Mai 68 et les tourments qu'on lui livre, elle en est totalement bouleversée.
Cinquante ans plus tard, Esther, une documentariste qui peine à se reconstruire, va replonger dans ces années pas si lointaines où le sort des Françaises semble d'un autre âge.
Avec ce nouveau roman porté par la figure de Menie Grégoire, sa grand-mère, Adèle Bréau unit les destinées de femmes qui, malgré leurs différences, se tendent la main. Amour, maternité, droits, sororité... l'auteure explore sur cinq décennies les avancées, paradoxes et régressions de la condition féminine, les mettant en résonance dans une fresque résolument romanesque.
Mon ressenti :
Ce roman m'a happée dès le début, sans doute parce que née en 1956, j'ai connu les émissions de Menie Grégoire, les écoutant parfois avec ma mère.
Cette quinquagénaire a été l'une des premières à donner la parole aux auditeurs et surtout à les écouter et tenter de les aider. Le principe de son émission était simple: elle lisait à l'antenne l'une des nombreuses lettres reçues, écrites la plupart du temps par des auditrices et parfois par des auditeurs et la commentait. Elle répondait ensuite en direct aux auditeurs qui appelaient pour réagir.
Nous suivons 4 femmes : Menie Grégoire, Mireille et Suzanne, 2 soeurs, auditrices, de 1964 à 1981 et Esther, femme battue, qui va enquêter et écrire un livre sur Menie.
Par petites touches, en évoquant des sujets jusque-là tabous : sexualité, avortement, contraception, violence, inceste, amour, maternité, sororité, la "dame de coeur" va faire évoluer les mentalités et contribuer à la transformation de la vie des femmes.
Grâce à sa capacité d'écoute, sa bienveillance et son empathie, elle va embellir la vie de Mireille, mère de 6 enfants, et surtout de Suzanne à qui elle va tendre la main. Puis ce sera Suzanne qui aidera Catherine, sa nièce. Indirectement Menie va aussi bouleverser la vie d'Esther
J'ai retrouvé là l'évolution de la condition féminine telle que je l'ai vécue grâce aux récits de ma mère et mes grands-mères. Ma mère, née dans une famille de 8 enfants, à la campagne, n'avait jamais reçu d'éducation ou d'information sur la sexualité et j'ai été conçue lors de sa "première fois", Mon frère et ma soeur sont "des échecs de la méthode Ogino". Elle a fait plusieurs fausses couches avant de pouvoir prendre la pilule contraceptive, un vrai plus pour les femmes. Elle nous a élevés, a tenu le foyer, économisant au maximum, sur tout.
Je me suis accrochée, poursuivant mes études, pour être indépendante financièrement. Et puis j'ai enchaîné la double vie des femmes actives ; au boulot et à la maison, comme la plupart des femmes.
Les personnages sont attachants : Menie, Mireille, Suzanne, Catherine, Esther, mais aussi les hommes : Roger, le mari de Menie, Etienne, le mari de Suzanne, Paul, le documentaliste.
Ce roman m'a beaucoup émue. Malgré toutes ces avancées, la participation plus active des hommes aux tâches ménagères, l'accès (limité) des femmes à des postes de responsabilité, il y a encore des femmes battues, violées, de la pédophilie et de l'inceste. Et beaucoup de travail à faire pour améliorer la condition féminine.
Menie aurait aimé ce livre et ma mère l'aurait adoré.
Quelques extraits :
- C’est sans doute cela, la vie, l’alternance de zones d’ombre et de merveilleuses allégresses.
- Oui, je crois qu'elle a lancé un premier caillou qui a continué de rebondir ensuite, inlassablement, de femme en femme, de mère en fille, de soeur en soeur.
- Quand ma mère était jeune fille, on gardait ses problèmes pour soi, on attendait que ça passe comme la douleur et les tracas. Il arrivait souvent qu'on en meure.
Un autre avis aussi enthousiaste :
- Celui de Matatoune :
Adèle Bréau - L'heure des femmes | vagabondageautourdesoi
Le roman L'heure des femmes d' Adèle Bréau rend compte, à travers trois axes, de l'évolution des droits des femmes de la période des années 70 jusqu'à notre époque et dresse le portrait de ...
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/03/06/adele-breau-lheure-des-femmes/